Au Japon, chaque année, des milliers de personnes disparaissent volontairement. Ce documentaire captivant saisit le phénomène dans une mosaïque de portraits intimes, à travers des récits qui nous interrogent dans nos propres vies.
Chaque année, environ 80 000 personnes disparaissent au Japon. Bon nombre d’entre elles sont retrouvées, mais d’autres s’évanouissent purement et simplement dans la nature. Les jȏhatsu ("évaporés"), comme on les appelle, désirent fuir une relation problématique, se soustraire à des créanciers ou échapper au regard de leur famille après un échec. Ils ont même la possibilité de faire appel à des "entreprises d’évasion nocturne", qui les aident à disparaître et à commencer une nouvelle vie ailleurs. Le phénomène n’est pas marginal. S’il existe de longue date, il est devenu manifeste dans les années 1990, lorsque l’explosion de la bulle économique japonaise a provoqué la faillite de milliers d’habitants, dès lors voués au déshonneur.
Une résonance universelle
La première scène semble sortie d’un film d’action
: dans sa voiture stationnée au pied d’un immeuble, Saita, charismatique
patronne d’une société de "déménagement nocturne", guette un client
dont elle a organisé l’évasion. L’homme arrive en courant, fuyant son
appartement, et s’engouffre dans la voiture. Le travail de Saita consiste à
"mettre à l’abri" des gens, souvent victimes de harcèlement. L’un de
ses anciens clients, Sugimoto, a choisi de fuir le déshonneur familial :
couvert de dettes, il a coulé l’entreprise paternelle et n’a pas eu le courage
de se suicider. Quant à Kanda, il a fui des yakusas auxquels il devait trop
d’argent, et tente de guérir de son addiction au jeu dans le quartier de
Nishinari à Osaka, où se retrouvent toutes sortes de marginaux. Pendant ce
temps, une mère engage un détective pour l’aider à retrouver son fils de 26
ans, disparu du jour au lendemain après avoir perdu son emploi à deux reprises…
Le phénomène, typiquement japonais, touche tous les milieux sociaux. Le
documentaire, captivant, en dévoile toute l’ampleur à travers une mosaïque de
portraits qui nous interrogent aussi dans nos propres vies. Il laisse également la place au silence et à
la méditation, s’attardant sur les visages comme sur les paysages, morceaux de
ville ou de nature où résonnent les récits de ces disparus partagés entre
soulagement, rêves et regrets.

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