Orchestre Philharmonique de Radio France conducted by Esa Pekka-Salonen Recording: Paris, Opéra Bastille, Salle Liebermann, 12/2011
Etait l’espace qui mûrit.
I Gong (1)
(Rainer Maria Rilke)
Timbre
qui n’est plus par l’ouïe mesurable.
Comme si le son qui nous surpasse de toutes parts
Tes pas et tes gestes font dénouer tes tresses,
II Danse cosmique
(Prithwindra Mukherjee)
Des flammes, des flammes qui envahissent le ciel,
Qui es-tu, ô Danseur, dans l’oubli du monde ?
Des flammes de déluge pénétrant tous les cœurs,
Tremblent les planètes et la terre sous tes pieds.
Des flammes, des flammes qui envahissent la terre,
Effleurant les ondes de l’océan des nuits
Des squelettes du passé dans la caresse du feu
Des foudres se font entendre au rythme des éclairs.
Des flammes, des flammes dans les gouffres souterrains,
Des bourgeons de tournesol ouvrent leurs pétales,
(Alexandre Soljénitsyne)
Engendrent les âmes d’une création nouvelle.
Des flammes, des flammes dans le cœur de l’homme,
Qui es-tu, ô barde céleste, qui chantes l’avenir ?
III A Slava et Galina...
A l’approche du dixième anniversaire de mon exil, des scènes des années terribles et accablantes reprennent vie devant mes yeux. Alia et moi avons repensé à ces moments : sans votre protection et votre soutien, jamais je n’aurais pu supporter ces années-là. J’aurais fait naufrage, car ma vigueur était déjà près de s’éteindre. Je n’avais pas de toit pour m’abriter : à Riazan, on m’aurait étouffé. Et vous, vous avez protégé ma solitude avec un tact tel que vous ne m’avez même pas parlé des contraintes et du harcèlement auxquels vous étiez soumis. Vous avez créé une atmosphère que je n’aurais pas imaginée possible. Sans elle, j’aurais probablement explosé, incapable de tenir jusqu’en
1974.
Se rappeler tout cela avec gratitude, c’est bien peu dire. Vous l’avez payé bien cruellement, surtout Galia qui a perdu à jamais son théâtre. Toute ma gratitude ne suffira jamais à compenser de telles pertes. Tout au plus peut-on retirer une certaine force de la conviction qu’en ce siècle, nous autres Russes sommes tous voués au même et terrible destin et d’espérer que le Seigneur ne nous punira pas jusqu’au bout.
Merci, mes chers amis. Bien à vous pour toujours.
IV Gong (2)
(Rainer Maria Rilke, poème original en français)
Bourdonnement épars, silence perverti,
Tout ce qui fut autour, en mille bruits se change,
Nous quitte et revient : rapprochement étrange
De la marée de l’infini.
V De Vincent à Théo...
(Vincent van Gogh)
... Dans mon tableau « café de nuit », j’ai cherché à exprimer que le café est un endroit où l’on peut se ruiner, devenir fou, commettre des crimes. Enfin, j’ai cherché par des contrastes de rose tendre et de rouge sang et lie de vin, avec les verts-jaunes et les verts-bleus durs, tout cela dans une atmosphère de fournaise infernale, de soufre pâle, à exprimer comme la puissance des ténèbres d’un assommoir.
... Tant que durera l’automne, je n’aurai pas assez de mains, de toile et de couleurs pour peindre ce que je vois de beau.
... J’ai un besoin terrible de religion. Alors, je vais la nuit, dehors, pour peindre les étoiles. Sentir les étoiles et l’infini, en haut, clairement, alors, la vie est tout de même presque enchantée.
... Tout et partout, la coupole du ciel est d’un bleu admirable, le soleil a un rayonnement de soufre pâle et c’est doux et charmant comme la combinaison des bleus célestes et des jaunes dans les Vermeer de Delft. Malheureusement, à côté de soleil du Bon Dieu il y a, trois quarts du temps, le Diable Mistral.
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