Une visite kaléidoscopique pleine de vie dans la
Villa Noailles, laboratoire de création avant-gardiste, dans le sillage
d’icônes de l’art du XXe siècle, de Salvador Dalí à Man Ray en passant par
Francis Poulenc, Luis Buñuel, Alberto Giacometti ou encore Jean Cocteau.
Dans les Années folles à Hyères, à quelques
encablures de la Riviera chère à Fitzgerald et Hemingway, une villa moderniste
baignée de lumière surgit de l’imagination d’un jeune architecte radical encore
inconnu, Robert Mallet-Stevens. À l’initiative de ses propriétaires fortunés,
les vicomtes Charles et Marie-Laure de Noailles, un couple romanesque de
mécènes, la Villa Noailles va accueillir toute l'avant-garde artistique du XXe
siècle. Héritière d’une famille de banquiers juifs allemands mais aussi descendante
du marquis de Sade, la maîtresse des lieux consigne dans des albums, à renfort
de dessins, découpages et collages, la folle effervescence qui y règne, dans le
sillage du surréalisme. Sur fond de fêtes costumées extravagantes, des artistes
légendaires – de Salvador Dalí à Man Ray en passant par Francis Poulenc, Luis
Buñuel, Alberto Giacometti ou encore Jean Cocteau – vont s’y croiser et y
créer. Loin de Paris, ce foyer d’expérimentations novatrices représente pour
les talents qui le fréquentent une parenthèse enchantée et un espace d’absolue
liberté, sans lequel certains chefs-d'œuvre de l’entre-deux-guerres n’auraient
jamais existé. À l’écoute de leur temps et résolument tournés vers l’avenir,
les Noailles inventent avec leurs amis un univers bouillonnant où le rêve se
mêle à l’activité sportive, la créativité à l’amusement. Gide est conquis et
l’écrit. Mais le couple, qui offre l’hospitalité à Paris à un Kurt Weill en
exil après sa fuite d’Allemagne en 1933, sait aussi percevoir les fracas du
monde. Loin des conventions, le duo se distingue surtout par son ouverture
d'esprit et un engagement passionné pour l’art sous toutes ses formes,
soutenant L’âge d’or de Buñuel, qui provoquera un scandale, ou Le sang des
poètes de Jean Cocteau. Car dans ce somptueux refuge où fiction et réalité se
rejoignent, seule la poésie prime.
"Les Noailles n’attendaient pas des artistes,
auxquels ils donnaient carte blanche, qu’ils leur servent à quelque
chose", insiste la critique d’art Roxana Azimi. Inspirée par les
scrapbooks de Marie-Laure de Noailles, cette visite guidée dans le dédale de la
villa, son jardin cubiste parsemé de sculptures et sa piscine – dont les
artistes profitaient joyeusement en costumes de bain rayés fournis –, retrace
l’aventure de ce laboratoire de création. En archives savoureuses, dont des
films muets, et avec l’éclairage d’historiens et de critiques d’art, le film
brosse aussi un portrait vivant de ce couple rebelle d’aristocrates mécènes,
dont l’audace a accompagné la révolution surréaliste et d’autres avant-gardes –
peinture, arts décoratifs, cinéma ou danse – dont ils se voulaient pleinement
acteurs. Car peintre elle-même, Marie-Laure de Noailles voulait faire de sa vie
une œuvre d’art. Une formidable plongée dans un lieu de mémoire aux iconiques
fantômes.

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